Des monts de ses muscles, je sens monter le musc, la sève de ce brasier, de cet homme caramélisé. Il est un foyer, un tropique, une idée, l’homme chocolat est la forme du monde. Quand je plonge ma main dans les boucles charbon, je bois le bonheur et sous la caresse je fonds.
Il y a, il paraît, des paradis disparus, où le velouté soyeux de ton regard, de tes yeux, devient sucre roux, pétillant et doux. Résine fondue, chaude et savoureuse, ta peau satinée reflète alors ton éclat, et sans y jamais prendre gare, je m’y noie, une fois, deux fois, trois fois. Vaisseau sans fin, corsaire enchanteur, je navigue sur tes bords, barre avec tes voiles. Tu défies les flots, file sur l’écume, affronte les rouleaux, la houle ne t’offenses pas, tu es sans rancune. De tes belles dents, moutons de sel sur la mer, tu m’agaces et me charmes. Je ne résiste plus, tu m’as eue, délicat et taquin, mutin chocolat.
Quand donc viendra-t-on à mon secours ? Me tirera-t-on du feu ? Le bois craque, se fend, se consume, j’attends la fin, souriant, posthume. Je sais que bientôt, boire tes boucles m’enivrera à nouveau, et immergée dans l’océan de ton dos, je voguerai, voguerai, jusqu’à l’aube.