J’ai pris l’ascenseur avec mon psy.

 

Ville
Crédit : Céline Dutrey

Quand les portes se ferment sur la petite pièce étroite, il est exactement à 5,27 cm de moi. Impossible de bouger tant les parois sont proches. Il recule le bras pour appuyer sur la touche 4 et me bouscule au passage.

Pardon.

C’est étrange de voir cet homme ici, hors de son habituel siège en osier, sans les estampes japonaises aux murs, ni la boite de mouchoirs à sa droite. Si un patient pleure dans l’ascenseur, comment faire pour essuyer les larmes ?!

Il regarde en face de lui, la tête droite, et je laisse aller et venir mes yeux entre la porte et mes pieds. Je me demande à quoi il peut penser, s’il est gêné ou curieux de me voir moi aussi dans un autre contexte. Je sais qu’il observe la scène avec son détachement naturel, un petit sourire en coin, et je me doute qu’il est coutumier de la situation.

De si près, je me rends compte qu’il est plus âgé que je ne le pensais. Ses sourcils sont presque gris, et ses rides profondes. Je me dis que sa barbe ne doit pas être bien fournie, car les quelques poils courts apparaissent un peu de façon anarchique.

Je me glisse sur le pallier du quatrième et m’écarte pour le laisser ouvrir la porte. Mettre la clé dans la serrure, tourner en tirant la poignée. Des gestes simples qui le rendent plus réel, plus accessible. Plus faillible.

Une fois entrés, nous reprenons une dernière fois nos rôles respectifs. Le défi de la gravité pour 4 étages n’aura rien changé, sinon que cela confirme bien une chose que je savais déjà : mon psy est humain.

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