Je le savais que ce type avait l’air bien trop investi dans notre discussion sur les légumes bio.
M’enfin, la perspective de ma couette glacée seule (et le mojito) aidant, pas facile de refuser un dernier verre. Il m’avait séduite, et comme il habitait trop loin, j’avais proposé qu’on aille chez moi.
Sauf qu’au petit matin, au lieu d’un sourire honnête et d’une bise pressée, j’avais eu droit à l’ours hibernant, impossible à réveiller. L’animal avait ouvert un oeil vers 13 h pour vérifier que je n’avais pas de culotte, mais cependant déçu de trouver un matelas glacé en lieu et place d’une paire de fesses tièdes, il n’avait pas daigné pousser plus loin ses investigations, et était retombé sur l’oreiller comme, il faut le dire, un véritable jambon de pays.
J’avais donc eu le temps de plier la lessive de la veille et de trouver une recette à base de mes restes sur marmiton quand le mec émergea de ma chambre, le syndrome céphalorectal profondément imprimé sur la joue droite. “ On mange quoi ? “
Le type s’invitait pour un gueuleton à la bonne franquette sans même les marques mondaines d’un intérêt pour ma personne. Ou alors… Peut-être qu’il faisait de l’humour ? Mais non, son oeil bouffi (il était vachement plus sexy hier) tombe sur ma casserole.
“ Oh du riz, super, t’inquiète ça sera parfait. Cool, je vais prendre une douche, à toute.”
Et je le vois s’enfermer à l’aise dans la salle de bain, et siffloter en faisant couler l’eau.
Ah bon ! Alors ça existe ? Y en a vraiment des comme ça ? Et le reste de l’après-midi se passe de la même manière. Sidérée, je l’observe prendre racine. 16 h. Putain. Il a vu la Xbox.
“ Ah c’est cool. Je peux jouer ? “
…
Je vous l’avais bien dit.