La fatigue quand je suis seule, quand le temps glisse, coule si vite, qu’il est déjà tard et que mes yeux mi-clos luttent pour continuer à déchiffrer ces symboles chéris.
Je me suis longtemps demandé pourquoi, alors que je sais que le lendemain semblera court et sec, avec un réveil amer, je restais ces longues heures sur l’écran, sur la page, sur les cartes, sans écouter le corps qui mobilise d’ultimes ressources.
Ce soir, j’ai constaté la très grande paix qui m’habitait au milieu du silence. La lumière allumée, parfois tamisée et douce, parfois crue et inconfortable. Le reste du monde absent, ou se tait. Les enfants sont couchés. Ce soir, j’ai senti le délice du ralentissement. Et j’ai compris.
Mon cerveau, enfin, se calme.
Le tumulte assourdissant de mes pensées, des mes idées, de mes émotions, enfin, trouve un rythme cohérent et fertile. Je peux créer sans me prendre les pieds dans le tapis. Je peux penser de façon structurée, écrire sans avoir les doigts pleins d’encre. Je note où tout cela me mène, je laisse l’instant se déployer et mes révélations sont plus claires.
Ces soirées sont comme des méditations.
Les périodes où je me lève sans transition, je me sens absorbée par ces nuits lentes. Je crois qu’elles me permettent de voir la couleur de l’infusion du jour. D’en explorer la conclusion.
Les périodes où je médite chaque matin, je me couche volontiers à 21h. Mais je n’ai que rarement l’occasion d’essorer le jus de mon esprit pour en faire quelque chose. Comme si mon espace intérieur étant rangé, il n’évoque rien d’autre qu’un vaste appartement propre et lumineux. Agréable, et après ?
Il y a du plaisir à sentir que son existence laisse une trace. Un plaisir égoïste, sûrement. Que ces heures vécues auront permis de générer des idées et des mots, des pensées et des actes, dont les aspects correspondent à l’expérience.
Il y a du bonheur à vivre la paix, qu’elle soit propre et lumineuse, ou créative et fatiguée.