Il faut dire, mais je ne peux pas.
C’est cassé pour le moment, ça tourne en rond, ça bouillonne, ça n’a aucune structure, ni cohérence, ça n’est pas beau, pas montrable.
C’est un mélange en mille morceaux.
Il faut dire, mais on m’a déjà demandé de me taire.
J’ai compris. Touchée de ne pas plaire.
Un cataclysme tabou, osé, de souffrir d’être ta mère.
Alors que mon monde tremble.
C’est gonflé de n’avoir ni substance, ni consistance.
C’est quand même une chance d’avoir disparue.
Un peu facile d’être creusée, dissoute !
Elle exagère.
Rien ne reste, tout s’échappe, le temps, le corps.
Je circule dans cette peau qui ne ressent plus. Et je porte, je berce, je caresse.
Avec toute mon énergie en pluie, je pousse ta vie plus loin, plus fort.
Il faut dire, mais comment ?
Ces membres qui me suivent sans faillir, que je ne connais plus.
Ce ventre vide et mort, ce cœur qui pince, ce sexe silencieux.
À qui sont-ils ?
Petit à petit, le chaos qui devient cadre, on s’habitue à tout.
Je t’habille dans l’aube, malade, à l’odeur d’urine tiède.
Tes yeux fous qui cherchent à voir, à comprendre, tu cries.
Et devant le miroir je nous regarde, sidérée.
Le cœur à vif.
